Il s’agit bien sûr d’une priorité absolue pour l’équipe pédagogique. La séparation parents/enfant peut parfois être difficile pour chacun et mérite le respect et l’accompagnement des professionnels. Veiller à la sécurité affective au sein de la crèche, c’est prendre en considération les émotions et les besoins de chacun, enfan , comme parents.
Les enfants ont besoin de repères précis ainsi que de rituels et d’habitudes identifiées. Tous ces éléments contribuent à les rassurer et donc à les sécuriser.
a) La semaine d’adaptation
Il s’agit de mettre en place une période de transition entre la vie à la maison et la vie en collectivité, afin que la séparation se fasse aussi en douceur que possible. Dans un premier temps, elle a pour objectif d’acclimater l’enfant au rythme de la crèche, puis de permettre aux professionnels de la crèche de connaître l’enfant et répondre à ses besoins individuels.
Nous informons le groupe d’enfants qu’un nouveau camarade accompagné de ses parents va bientôt arriver à la crèche, nous le nommons et nous parlons de lui. Cela permet de rassurer les enfants et de les préparer à l’arrivée de personnes inconnus au sein de la crèche et permet d’écarter toutes inquiétudes ou angoisses.
Une professionnelle référente est désignée afin d’accompagner tout spécialement l’enfant durant sa période d’adaptation. Pendant les moments partagés ensemble (parents, enfant et référente), l’enfant perçoit la confiance que les parents accordent à la référente, ce qui l’encourage à lui accorder sa propre confiance. Une fois cette étape passée, les autres professionnelles peuvent intervenir de façon progressive auprès de l’enfant, en présence de la référente, afin que l’enfant les accepte à leur tour.
L’adaptation se fait sur une période d’une semaine, selon le schéma suivant :
Le 1er jour : papa ou maman passe une première heure dans la structure sur un temps avec un biberon et un change ou un goûter et un change ou un jeu en groupe en fonction de l’âge de l’enfant.
Le 2ème jour : papa ou maman environ 30 minutes dans la structure puis part 30 minutes afin de laisser l’enfant seul dans son nouvel environnement.
Le 3ème jour : papa ou maman reste quelques instants, puis ils s’absentent 1 ou 2 heures environ, sur un temps de repas ou de goûter
Le 4ème jour : papa ou maman dépose l’enfant et nous le prenons en charge sur toute une matinée ou un après midi
Le 5ème jour : l’enfant passe toute la journée à la crèche
Durant cette semaine, nous demandons au parent présent de répondre à nos questionnements et nous observons également sa façon d’agir auprès de son enfant (comment le consoler, l’endormir, etc…), afin de reproduire dans la structure, le plus fidèlement possible, les gestes que l’enfant à l’habitude de vivre.
Les heures d’adaptation et le temps d’absence des parents sont donnés à titre indicatif et bien que la séparation doive se faire de façon progressive, nous nous adaptons aux capacités de séparation de chaque parent et enfant.
b) Le portage
Nous utilisons l’écharpe et le porte-bébé (avec l’accord des parents), pour deux raisons principales :
- Rassurer l’enfant lors de la séparation et notamment durant la semaine d’adaptation
- Apprendre à connaître l’enfant et répondre de façon plus spécifique. Il peut être également utilisé dans des situations particulières :
- Enfant fatigué ou qui a du mal à trouver son sommeil
- Enfant qui a l’habitude de s’endormir dans les bras à la maison avant le passage au lit
- Enfant qui vit des angoisses liées à son développement (angoisse de séparation,…) ou à des événements familiaux particuliers (déménagement, naissance,…)
c) Les soins
C’est lors de la toilette, du change ou des repas que les professionnelles vont pouvoir prendre toute la mesure de leur rôle. En effet, c’est dans ces temps de soins, qui peuvent sembler au premier abord très matériels et insignifiants, que l’enfant va puiser toute la sécurité affective et la prise de conscience de lui-même, qu’il mettra à profit, plus tard, dans son activité spontanée. Il va de soi que l’enfant n’est jamais traité comme un objet, mais comme un être qui sent, observe et mémorise. On s’applique à observer une certaine routine, une régularité même dans les détails, sans hâte ni bousculade et sans jamais être interrompue. Toujours cette notion de rituel qui rassure l’enfant.
Comment les bébés sont-ils amenés au soin?. La façon de prendre et de reposer un bébé en est un bon exemple. On ne l’attrape pas sans crier gare, on l’appelle par son prénom et on se met à son niveau pour capter son regard. A la douceur dans les gestes et le ton de la voix s’associe l’envie de faire participer, en lui expliquant et commentant ce que l’on fait, en lui présentant les objets utilisés et en utilisant sa coopération active aux gestes nécessaires.
Les premiers mois, la professionnelle profite des gestes spontanés du bébé puis lui demande de lever les jambes, de tendre le bras. Enfin, en grandissant, l’enfant deviendra de plus en plus conscient de cette coopération jusqu’à ce qu’elle devienne volontaire.
d) Le doudou

En pleine acquisition d’autonomie psychique, le jeune enfant évolue par stade dans la construction de son identité et de sa personnalité. C’est en ayant intériorisé une image maternelle stable et réconfortante que l’enfant peut supporter l’absence de sa mère. Cette permanence de l’autre en soi, s’intègre progressivement et le doudou représente l’objet transitionnel qui accompagne l’enfant vers cette autonomie et l’aide à se séparer.
A la crèche, le doudou peut s’avérer un solide partenaire, au moment de la séparation d’avec les parents. L’enfant s’y réfère pour calmer sa colère, sa tristesse ou même son angoisse.
Pour les plus jeunes, les enfants sont accueillis avec leurs doudous, leurs sucettes. Pour les enfants qui n’en ont pas, nous proposons de laisser à la crèche, un tee-shirt, un foulard porté par la maman/le papa. Ainsi, le bébé retrouvera une odeur connue, rassurante et apaisante dans certains moments de tension (fatigue, mal de dent, chagrin).
Chez les plus grands (à partir de 12-15 mois), nous commençons à demander aux enfants de poser leur doudou et leur tétine dans la « boîte à doudous » prévue à cet effet lors des moments d’activité ou de jeu. Petit à petit, cette démarche devient de plus en plus facile pour eux et ils sont fiers de montrer qu’ils en sont capables.
Se détacher de son doudou fait partie d’un apprentissage pour le jeune enfant. Pour cela, il doit se sentir autorisé et valorisé dans le fait de grandir. Le regard que l’on porte sur lui, lui indique s’il peut se sentir capable, accompagné, épaulé dans cette grande course vers le plaisir de faire soi-même. Sans vouloir le faire grandir trop vite, essayons de repérer chez lui les moments propices à faire des progrès et restons à son écoute.